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Votre soutien et votre suivi doivent être fort pour que la personne suivie fasse le travail. Ce n’est pas difficile certes mais il faut regarder les choses en face ce qui est délicat parfois. Il est plus facile de passer outre et de tourner la page.
Notes pour bien suivre vos clients :
Hypnose
https://vimeo.com/420585343/e014578039
____Fin de la zone « Spécial Coaches »___
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Etre Anti-Fragile
Quel drôle d’adjectif ?
Dans son livre « Antifragile : Les bienfaits du désordre », Nassim Nicholas Taleb démontre qu’il existe des choses qui semblent se développer si elles sont placées dans des environnements instables et imprévisibles.
Il souligne le fait que cette qualité a été vitale pour assurer le progrès de la civilisation humaine depuis les temps anciens. Face à la complexité du monde, être résilient ne suffit plus, il s’agit de revenir meilleur et plus fort d’être en somme antifragile.
Pourquoi devenir Anti-Fragile ? Se rendre antifragile passe d’abord par accepter que la vie est faite d’incertitudes implacables plutôt que de chercher à exercer un contrôle maladroit pour l’éviter ou l’éliminer. Un jour où l’autre, vous rencontrerez des périodes de volatilité et d’incertitude. Cela peut se manifester par des événements inattendus comme un effondrement économique, des catastrophes naturelles ou un mouvement de foule.
Qu’est-ce que l’antifragilité ?
La fragilité est un concept relativement simple à comprendre ; nous sommes tous conscients que les objets fragiles doivent être protégés des situations volatiles parce qu’ils risquent d’être affaiblis ou endommagés face au désordre au stress et au temps.
Taleb décrit trois types d’individus/organisation/entreprises/systèmes/idées : les fragiles, les robustes et les antifragiles.
- Fragile : ce qui craint les événements inattendus
- Robuste : ce qui est indifférent aux événements inattendus
- Antifragile : ce qui profite des événements inattendus
L’antifragilité s’oppose à la fragilité et se distingue de la robustesse. Est antifragile ce qui profite, jusqu’à un certain point, du désordre. Est robuste ce qui est indifférent au désordre — il n’en tire ni gain, ni perte.
Pour Taleb, l’antifragilité est l’antithèse de la fragilité, soit des choses qui se renforcent ou s’améliorent lorsqu’elles sont confrontées à une certaine dose de stress, de force, ou de choc.
Fragilité
Au contraire, les éléments fragiles craignent les événements imprévus et recherchent la tranquillité parce qu’ils ont bien plus à perdre qu’à gagner face au désordre, au stress et au temps. Pour Taleb, les choses fragiles sont généralement grandes. La taille offre souvent un faux sentiment de sécurité, mais le moindre élément de volatilité fait trembler les grandes organisations parce qu’elles ne sont pas assez agiles pour survivre et risquent de perdre le contrôle.
Les choses fragiles sont trop optimisées. Le problème majeur de l’optimisation excessive est que nous ne pouvons pas prédire lorsque les problèmes et les erreurs se présenteront. Un excès d’optimisation peut fragiliser un système tout entier parce que sa rigidité répercute la moindre erreur sur tous les éléments. Chercher à éliminer le stress et la variabilité se termine par fragiliser encore plus un système ou une personne. Le hasard est la règle, pas l’exception.
Mais la robustesse ou résilience, l’inverse de la fragilité, n’est pas bien meilleure.
Robustesse ou Résilience
Les personnes résilientes cherchent à demeurer impassibles durant des périodes de stress. Le bouddhisme, le stoïcisme promeuvent la résilience psychologique comme les deux philosophies enseignent l’indifférence au changement. Lorsque vous êtes mentalement résilient, peu importe si vous êtes riches ou si vous perdez votre richesse en une seule journée.
La résilience ou la robustesse est certainement plus désirable que la fragilité. Pour Taleb, viser la résilience, c’est être peureux parce que vous vous reposez essentiellement pour le statu quo. À chaque erreur, rien ne change, vous revenez à l’État dont vous étiez avant de tomber.
Pour être vraiment efficace dans un monde de complexité, de hasard et de risque, vous ne pouvez pas vous arrêter à la résilience peureuse. Quand vous le pouvez, vous devriez trouver des opportunités pour croître dans le désordre et l’adversité.
L’objectif devrait être d’aller au-delà de la résilience et de devenir antifragile.
Comment faire ?
Taleb fournit quelques tactiques que vous pouvez utiliser pour rendre votre vie et votre business plus antifragile.
Injecter intentionnellement du stress dans votre vie. Un stress à long terme peut avoir des effets désastreux alors que des petits bouts de stress peut vous rendre bien plus fort et meilleur. Une manière d’injecter du stress positif dans votre vie : prendre des douches froides, faire du sport, soulever des poids un peu plus lourds, courir au lieu de pédaler à vélo.
Ajouter des redondances dans votre vie. Prévoyez un temps libre dans votre emploi du temps afin de prendre en compte de la volatilité inévitable qui peut survenir chaque jour. Laisser un peu de temps pour l’imprévu.
Investir sur du long et du court terme, en même temps. Être sûr réduit l’inconvénient potentiel de la volatilité et prendre des petits risques vous expose potentiellement à un gain massif. Par exemple, pour vous, le maintien d’un travail alimentaire (la partie sécurisée) pendant que vous travaillez sur un business de côté la nuit (la partie risquée).
Etre Anti-fragile
Alors qu’est-ce qui rend quelque chose antifragile ?
Pour devenir antifragile, mieux vaut être petit et agile pour maintenir une flexibilité durant des temps chaotiques et volatiles. Si je navigue dans une mer brumeuse avec des icebergs cachés, je préférerais être un passager dans une toute petite embarcation manœuvrable plutôt que d’être un paquebot géant et léthargique.
La réponse à la variabilité au stress est bâtie intrinsèquement dans le système antifragile. Contrairement aux choses fragiles qui requièrent une réponse extérieure pour les protéger du stress, les systèmes antifragiles peuvent se protéger eux-mêmes. Notre système squelettique ou le processus évolutif est un bon exemple de réponse à la variabilité.
Les choses antifragiles intègrent les redondances. Pour l’antifragile, prospérer dans le hasard est l’objectif, ce qui requiert bien souvent de ne pas être efficient à travers des couches de redondance.
Revenons à notre jeûne intermittent. Un exemple est la manière dont notre corps répond aux jeûnes. Lorsque nous ne mangeons pas pendant de longues périodes, notre corps relâche des hormones qui nous rendent plus fort et mentalement plus vifs.
Cette réponse antifragile fait sens. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont évolué dans des périodes où l’acquisition de nourriture était rare et aléatoire donc nos corps ont évolué pour s’adapter à cet environnement incertain. Quand quelqu’un jeûne, le corps élimine les mauvaises protéines d’abord. Cela ouvre la porte à des protéines plus nouvelles et plus fortes.
Taleb utilise l’image de deux frères : l’un bureaucrate dans une banque, l’autre chauffeur de taxi.
Pour le banquier, la volatilité est écrasée, son revenu est régulier, les micro-signaux s’accumulent dans son dossier et le jour où arrive le plan de licenciement, il est choisi pour être foutu dehors et c’est la catastrophe.
Le frère chauffeur de taxi est exposé à la volatilité, il reçoit sans cesse des signaux, moins de courses, moins de clients, auxquels il est obligé de s’adapter, mais de ce fait même, il ne craint pas la catastrophe. Il est même antifragile, exposé à un événement positif, comme une cliente qui lui demande un Paris-Nice parce qu’un volcan finlandais fait des siennes.
Taleb insiste sur le fait que la robustesse et l’antifragilité éthiques proviennent du fait que le décideur risque sa peau ou, au moins, sa chemise.
Dans les études et finalement dans toute la vie. Taleb recommande de bosser juste ce qu’il faut pour avoir le chiffon de papier, la paye et de mettre la plus grande partie de son énergie dans l’auto-apprentissage.
Vieux, c’est mieux
Taleb est un conservateur dans l’âme.
Le temps est un maître terrible, un destructeur implacable, le générateur de volatilité par excellence. Ce qui a résisté à l’épreuve du temps mérite le respect, par le simple fait de sa résistance, même si le rationalisme naïf ne comprend pas pourquoi cela a résisté, même si les très surfaites Lumières baptisent cela «gothique» avec un air dégoûté. Pas besoin de comprendre pour respecter.
Dans le domaine des choses non-périssables (désolé, ça ne fonctionne pas pour les tomates et les humains), le fait d’avoir duré augmente la probabilité de durer encore.
Bien sûr, il arrive que des choses très vieilles, comme l’empire austro-hongrois, disparaissent, mais on raisonne en probabilité. Les vieilles choses ont plus de chances de survivre que les jeunes. On surestime la robustesse de la nouveauté. Taleb ne nie pas la possibilité d’innovation, mais il la remet à sa place.
Une règle «à la grosse» : la probabilité est de durer autant que cela a duré. Plus on a de passé derrière soi, plus on a de futur devant.
La Bible existe depuis 3000 ans, elle durera encore bien 3000 ans. Harry Potter a 20 ans, il durera peut-être encore 20 ans.
Le christianisme et le judaïsme ont des millénaires derrière eux, beaucoup plus que les quelques siècles d’athéisme militant, il est donc probable que ces religions survivent à l’athéisme (on voit d’ailleurs déjà le phénomène en Israel, où les laïcs sont de plus en plus souvent mis en minorité par les religieux des deux bords, musulmans et juifs).
La voiture est là depuis un siècle, elle durera bien un siècle de plus. Vélib est là depuis dix ans, peut-être qu’il durera encore dix ans (les éoliennes, c’est pareil). Pareil pour le livre relié contre la liseuse électronique.
Les formes politiques des cités-États (Athènes, Venise, Singapour) ou des empires (Rome, Perse, Chine) sont beaucoup plus anciennes que les États-nations et les États-providence, il y a donc de bonnes chances que celles-ci vivent plus longtemps que celles-là.
La nature est la plus grosse usine à essais et erreurs, et qui dure depuis le plus longtemps, donc qui a largement prouvé sa robustesse et son antifragilité. On doit supposer que ce qui est naturel est bon jusqu’à ce que la preuve du contraire ait été apportée, parce qu’il y a un recul de plusieurs milliers d’années (mais cela ne signifie pas que la nature est parfaite).
Inversement, on doit supposer que ce qui est humain est mauvais jusqu’à ce que la preuve de l’innocuité (qui suppose beaucoup de temps) ait été apportée, car le recul est minime, pas assez de mise à l’épreuve.
Nutrition
C’est le grand dada de Taleb et, comme pour le reste, il a un point de vue fort original (mais, vous allez voir, il garde toujours la cohérence de l’ensemble) :
- il suit les traditions alimentaires de l’Église orthodoxe. Cette alternance, au long de l’année, de jeûnes et de ripailles, validée empiriquement par la tradition, augmente la volatilité de son alimentation et renforce son corps.
- Autant que faire ce peut, il mange et boit des choses qui ont un nom en Hébreu ou en Grec ancien. Étant descendant d’Hébreux et de Grecs, il suppose que son corps y est plus adapté qu’aux aliments modernes. Eau, vin, pas de soda, ni de jus. Des pommes acides, mais pas d’oranges. Pas de tabac. Pas de chocolat. Il avoue boire, quand même, du café.
Et bien sûr, le jeûne intermittent ou plus long.
Conclusion
Taleb embrasse un vaste ensemble de sujets. Par exemple, il estime que les religions sont une source de robustesse, voire d’antifragilité. En effet, une source majeure de fragilité est l’illusion que les hommes peuvent contrôler leur destin, faire des prévisions, c’est l’illusion technocratique. L’homme religieux qui s’en remet à la Providence a déjà une source de fragilité en moins.
D’une manière générale, il considère que les Anciens, à l’instar de Sénèque, avaient une notion intuitive de l’antifragilité totalement perdue par les modernes. Il voit la modernité comme le monde de l’illusion technocratique, donc de la fragilité, de l’exposition maximale à la catastrophe.
Une troisième guerre mondiale (que Taleb n’essaie pas de prévoir) détruisant 80 % de l’humanité n’aurait rien pour le surprendre.
Il préconise de priver les humains des moyens de pratiquer des manipulations génétiques, d’utiliser l’atome et d’acheter des options financières. À chaque fois, les risques liés à la non-linéarité sont trop grands. On est dans un cas, toujours la sagesse des anciens, que les Grecs appelaient l’hubris (ὕβρις).
Il trouve que la volonté de l’homme moderne de vivre le plus longtemps possible à tout prix est une hérésie dont il faudra un jour payer le prix. Conformément à la sagesse classique, l’homme doit transmettre ses gènes, transmettre son savoir, être prêt à se sacrifier pour le groupe et mourir sans regrets.
C’est ainsi que l’humanité est antifragile.